Benjamin Zephaniah

"La vie des autres"

Benjamin Zephaniah est un écrivain britannique d'origine jamaïcaine.

Benjamain Zephaniah

"La vie des animaux est aussi importante pour eux que notre propre vie l'est pour nous mêmes. Nous devons prendre leur défense, un peu comme les bonnes âmes qui à l'époque se sont opposé au commerce des esclaves.

L'esclavage n'est pas mort. Il est interdit par la loi mais il existe. Bien que les grands esprits le condamnent, il survit. Bien que les gens charitables le vilipendent, il prospère. La cruauté des coups, des lynchages et des brûlures est toujours la même, seulement les victimes sont différentes.

Qui de nos jours ne s'opposerait pas à l'esclavage ? Sauf que lorsque j'explique que les victimes sont maintenant les animaux esclaves qui sont battus et que l'on force à exécuter un numéro, que l'on entasse dans des élevages en batterie pour en faire de la nourriture pas chère ou que l'on torture de façon systématique dans les laboratoires, les gens hésitent. Il n'est pas facile, de nos jours, de regarder les mauvais traitements infligés aux animaux et de s'imaginer ce qu'en penseront les générations futures, un peu comme les négriers qui ont vendu des centaines de milliers d'esclaves humains ne pouvaient pas s'imaginer l'image qu'aurait cette activité aujourd'hui.

La raison pour laquelle je me suis impliqué dans le Projet de Libération Animale de PETA, que je vais aider à démarrer demain et qui va faire le tour des villes et des universités   dans tout le Royaume Uni, est qu'il présente de façon explicite l'expérience commune de ceux qui ont été opprimés : l'humain et l'animal. L'exposition juxtapose des images d'actes cruels qui sont aujourd'hui considérés comme inacceptable par la majorité des gens, (ex : l'asservissement, la décapitation, les massacres et le gavage, etc.) et des images qui montrent ces mêmes traitements infligés à des milliards d'animaux pour la production de nourriture, d'expérimentation, d'habillement et de divertissement. Les générations futures nous verront-elles avec le même oeil horrifié que celui qui est le nôtre lorsque nous lisons les histoires de bateaux chargés d'esclaves ? L'état d'esprit qui a permis que l'on commette ces atrocités envers des être humain, est le même que celui qui aujourd'hui permet qu'on les commette sur des animaux. La seule différence est que les victimes d'aujourd'hui qui sont maltraitées et exploitées car elles sont « différentes » et « impuissantes » appartiennent à une autre espèce. De nos jours des milliards d'animaux sont abattus, victimes d'expériences, empoisonnées, battus, enchaînés, noyés et disséqués. Ceci arrive de façon routinière, en dépit du fait que nous pouvons choisir des alternatives plus humaines et même si la science et le bon sens nous montrent que les animaux ont la faculté de penser, de souffrir, d'aimer, de se réjouir, d'être terrorisé et bien plus encore. Ceci arrive car les animaux ne peuvent pas nous empêcher de le faire.

Tous les animaux sont faits de chair, de sang et d'os, tout comme l'animal humain. Tous les animaux ont les mêmes 5 sens, ils s'occupent de leur famille, ont des personnalités individuelles et ne veulent pas mourir. Tous les animaux se rapprochent plus de l'humain qu'ils n'en diffèrent.

Parce qu'il est toujours mal d'opprimer et d'exploiter les plus faibles, il est toujours mal d'opprimer et d'exploiter les animaux. Parce que les victimes de la tyrannie actuelle ne peuvent pas s'exprimer, il revient aux gens de principes de parler pour eux. Nous devons les défendre, tout comme l'ont fait les bonnes âmes qui on parfois été jusqu'à perdre leur vie pour prendre la défense des enfants au travail et du droit de vote des femmes, nous devons nous battre contre les massacres ethniques et autres actes de violence.

Cela fait 200 ans que le parlement a banni le commerce des esclaves. Il est temps que cette compassion s'étende aux autres êtres exploités. Chaque jour, nous avons l'opportunité, de par ce que nous mangeons ou par ce que nous portons, de soutenir l'injustice ou de nous y opposer. Faisons le choix de ne pas contribuer à la cruauté, à la violence et à l'asservissement sous toutes ses formes."

The Guardian, 01/08/2007, traduit par Nathalie Dessi pour Code Animal.