DUMBO OU L'ANIMAL OBJET DES CIRQUES

A l'occasion de la sortie de Dumbo dans les salles Françaises, Code Animal a voulu remettre certains points au clair sur la situation des animaux dans les cirques

Dumbo, le film de Tim Burton sort dans les salles cette semaine, l’occasion de rappeler que la France est à la traine sur la question de la captivité des animaux dans les cirques !

Dumbo est une réadaptation du film d’animation de Disney de 1941 qui relate l’histoire d’un petit éléphant ridiculisé pour ses grandes oreilles et exploité dans un cirque. Le dessin-animé nous montrait déjà des scènes de maltraitance animale : les animaux sont enchainés, enfermés dans de petites cages, forcés à arborer du maquillage, et faire des numéros contre-nature.

Tim Burton est réputé pour sa position anti-captivité des animaux dans les cirques (AFP – 2019), selon les critiques de l’avant-première, le film irait dans ce sens. Chez Code Animal, nous espérons que le film fera un portrait réaliste de la situation des animaux dans les cirques.

Quels problèmes avec la captivité des éléphants ?

Selon nos enquêtes, il y aurait une dizaine d’éléphants toujours présents sous les chapiteaux en France, sans compter les dresseurs indépendants engagés par les cirques temporairement. Tous ces animaux ont été capturés dans la nature. Selon nos recherches, pour se procurer un bébé éléphant il faut tuer tout le groupe social. 

Les éléphants sont des animaux intelligents et sociaux, ils ont besoin d’un groupe social complexe et stable. Dans les cirques, la plupart des animaux détenus sont seuls ou d’un groupe de 2 individus alors que dans leur environnement, on parle d’une quarantaine.

Les éléphants sont des animaux nomades. Ils peuvent parcourir entre 8 et 22 km par jour pour explorer leur environnement et partir à la recherche de ressources. Dans les cirques, les éléphants sont enchainés ou entravés la vaste majorité du temps. L’association britannique et irlandaise des zoos et aquarium (BIAZA) recommandent au minimum 200m² pour un groupe de 8 éléphants ou moins.

Les différents guides de standards pour la captivité recommandent que les animaux puissent avoir accès librement à un point d’eau et un point où ils peuvent faire des bains de boue ainsi que la mise à disposition de différents substrats afin d’éviter des problèmes de pieds (infection des ongles ou semelles). Cela n’est pas mis à disposition dans les cirques.

Les numéros imposés aux éléphants sont contre-nature et douloureux, prenons l’exemple de la pyramide qui est visible dans le film : impose à l’éléphant qui se situe en dessous de supporter le poids des autres ce qui engendre des problèmes d’articulation et des douleurs insoutenables, ses membres postérieurs étant adaptés pour supporter seulement 40% de son poids. Il en va se même pour les positions assis sur un tabouret, couchée, d’équilibre, etc.

Les outils de dressage sont coercitifs : l’ankus (pique terminée par un crochet en fer) est utilisé pour que l’éléphant puissent adopter une position ou un mouvement voulu par le dresseur. En cas de désobéissance, le dresseur plante le crochet dans les parties sensibles des animaux : derrière les oreilles ou pattes avant notamment, le bâton électrique est également utilisé.

Le dressage des éléphanteaux est une torture.

La première étape est la séparation brutale et ultra douloureuse avec la mère. Ce que nous voyons dans le film de 1941 est édulcoré. Puis le dressage : l’éléphanteau est encordé à chaque patte et des humains les tirent pour assoir, coucher l’animal de force pendant que d’autres lui assènent des coups de ankus sur la tête. Il faut briser l’animal mentalement.

Ce qui est paradoxal c’est que la compagnie de dressage Feld Entertainment est la société mère de Ringling Bros soit l’un des principaux producteurs de spectacle de cirque pour le tourisme comme Disney on Ice ou Disney Live !

Vraies histoires tragiques :

Certains éléphants ont eu des fins tragiques et auraient surement préféré avoir de grandes oreilles pour s’envoler. Parmi eux nous pouvons citer Tyke qui sera abattue dans les rues Kakaako (US) après avoir tué le dresseur.

En France des histoires similaires se sont produites : Punch de Pinder en 1907 et Fritz à Tours dans la même période. Lorsqu’on ne voulait plus d’un éléphant on l’électrocutait ou on le pendait à une grue ! (Mary – 1916)

Aujourd’hui, la France est à la traine !

Avec une forte évolution des mentalités ces dernières années sur la captivité des animaux dans les cirques, la détention et la présentation des animaux sous les chapiteaux sont désormais massivement rejetées. La Fédération des Vétérinaires d’Europe s’est positionnée contre, en 2015 affirmant que les besoins biologiques et physiologiques des animaux ne pouvaient en aucun cas être satisfaits dans les cirques itinérants.

Depuis, une vingtaine de pays en Europe, plus de 300 villes de France, les professionnels des animaux se sont positionnés officiellement contre la présence des animaux dans les cirques. Des grands cirques sont maintenant en liquidation judiciaire ou ont arrêté leur tournée : Pinder, Bouglione, Arlette Gruss. La raison invoquée est la baisse de fréquentation du public.

Notre association est experte sur les questions de la captivité des animaux sauvages pour les divertissements en France (zoo, NACs, cirque). Nos campagnes cirque ont pour objectifs de mettre en place une législation nationale vers une transition pour un cirque sans animaux. Nous encourageons les villes à se positionner et avons écrit le rapport de référence sur cette question grâce à nos enquêtes et analyses scientifiques en collaboration avec des professionnels des animaux comme Julie Lasne éthologue.

Notre Interview dans Sciences et Avenir

Aller plus loin :

Témoignage de Samuel Dewitt Haddock Jr ancien dresseur au cirque américain Ringling Bros

Rapport de Code Animal – Derrière les Paillettes, le stress

Fritz - Izy Ochoa - Lien

Quelques liens sur Dumbo :

VegActu

HuffingtonPost

Publié le: 
31/03/2019